Wild Cards 4 by George R.R. Martin

Auteur:George R.R. Martin [Martin, George R.R.]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: J'ai Lu
Publié: 2015-11-18T23:00:00+00:00

♣

Il était neuf heures passées quand Danforth émergea du bâtiment principal, les yeux chassieux. Jayewardene en était déjà à sa deuxième tasse de thé mais il avait encore du mal à se déplacer, comme si ses pieds étaient prisonniers de la boue.

« Monsieur Danforth, je dois vous parler avant de partir. »

Le producteur bâilla, puis hocha la tête. « Très bien. Écoutez, je voudrais prendre quelques photos avant votre départ. Avec le singe et toute l’équipe, vous voyez. Quelque chose qu’on pourrait donner aux agences de presse. J’aimerais que vous soyez aussi sur les clichés. » Danforth poussa un second bâillement, encore plus long que le premier. « Bon Dieu, il faut que je prenne du café. Les gars ont dû tout installer, maintenant. Ensuite, j’aurai quelques minutes de libres et nous pourrons bavarder.

— Je crois qu’il est préférable de parler tout de suite, et en privé. » Le Cingalais regarda en direction de la forêt. « Nous pourrions faire un petit tour, à l’écart du camp.

— Dans la jungle ? J’ai entendu dire qu’ils avaient tué un cobra hier, alors pas question. » Danforth recula. « Je discuterai seulement avec vous une fois que nous aurons pris les photos publicitaires. »

Après avoir avalé une autre gorgée de thé, Jayewardene se rendit près du camion. Il n’était pas surpris ni écœuré par l’attitude de Danforth. Cet homme portait sur les épaules un projet de plusieurs millions de dollars. Ce genre de pression pouvait altérer le sens des valeurs de n’importe qui ; l’amener à s’inquiéter pour de mauvaises raisons.

La majeure partie de l’équipe était déjà rassemblée devant le singe géant. Assise au premier plan, Paula examinait le planning en se rongeant les ongles. Le Cingalais vint s’agenouiller près d’elle.

« Je vois que Sa Majesté vous a enrôlé pour les photos, fit Paula sans même lever la tête. Comme nous autres.

— J’ai bien peur que oui. Vous n’avez pas l’air d’avoir beaucoup dormi.

— Oh, c’est bien pire que ça : je n’ai pas dormi du tout. J’ai passé la nuit à travailler avec Roger et Mister D. Mais ça fait partie du boulot. » Elle redressa la tête, lui fit lentement exécuter un petit mouvement circulaire. « Enfin, dès que Roger, Robyn et le patron seront là, on pourra en finir avec ces réjouissances. »

Jayewardene termina son thé. Un bus devait arriver plus tard avec des figurants – la plupart étaient cingalais, mais il y avait aussi quelques Tamouls et des musulmans. Tous ceux qui avaient été choisis pour jouer dans le film parlaient anglais, ce qui n’était guère surprenant au vu des relations historiques du pays avec l’Empire britannique.

Danforth arriva alors, Roger à ses basques. Le producteur observa le groupe en plissant les yeux. « Le singe ne regarde pas dans la bonne direction. Faites tourner le camion. »

Un des gardes en gris fit un petit geste de la main, puis sauta dans la cabine et fit démarrer le véhicule.

« Très bien. Que tout le monde s’écarte, histoire qu’on puisse en finir rapidement.

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